Alors que le soleil de la Réunion continuait à surplomber le ciel de ses éclats, Andrew et Molly s'étaient décidés à sortir encore. Après tout, ils n'avaient aucune raison de rester enfermés par un temps pareil et sur une telle île de rêve. Il était vraiment content de pouvoir, chaque jour, sentir la chaleur du sable sous ses pieds et d'entendre la voix heureuse de Molly qui appréciait cet endroit comme il l'avait espéré. Ce voyage en amoureux, il en avait eu l'idée pour se détacher du travail même s'il lui arrivait de passer quelques heures sur son ordinateur ces temps-ci, mais aussi pour passer un agréable moment en amoureux, chose qu'ils faisaient. « C'est bon, je les ai ! » Molly. Cette magnifique jeune femme qu'il aimait plus que tout au monde. Souvent, presque chaque fois que son regard s'encrait dans les beaux yeux bleus de la jeune femme, il remerciait la vie, le destin, le ciel d'avoir lancé sur sa route ce bout de femme qui chaque jour le faisait rêver un peu plus. Quand elle glissa sa main dans la sienne, il la serra d'ailleurs, comme s'il avait peur qu'un jour elle ne lui échappe, ou comme s'il souhaitait encore sentir cette pression une fois leurs mains lâchées. Ses lunettes sur le nez pour ne pas s'abîmer les yeux, elle était vraiment adorable. « Tu es si tête en l'air, princesse. » Un sourire scotché au visage, comme chaque fois qu'il passait un moment seul avec elle, il n'ajouta rien, se contentant de marcher en tenant fermement la main de Molly. Il n'avait pas besoin de combler les silences avec elle, car ces derniers n'étaient en aucun cas gênant ou quoique ce soit. Même par le silence, il sentait l'amour de sa belle et il lui montrait le sien. C'était une des nombreuses preuves témoignant de la force et l'amour que leur couple renfermait. Ce silence amoureux ne dura pas, non pas que cette coupure le dérange. « Oh regarde ! » Sursautant sur le coup tant son intervention avait été vive, il tenta un regard vers l'endroit qu'elle pointait du doigt mais il ne voyait plus qu'un mouvement des feuilles prouvant une présence. Un iguane, il devait avouer qu'il n'en avait encore jamais vu en vrai et il venait de rater cette occasion. Après avoir pressé chastement ses lèvres contre celles de Molly, l'enserrant par la taille, il répondit par la négation. « Non, je l'ai raté. J'aurais bien aimé voir ça tout de même. » L'endroit qu'ils avaient déniché hier était un petit coin de paradis. A l'abri des regards indiscrets, ils avaient à la fois le soleil et l'eau agréablement fraîche. Tous deux avaient trouvé, la veille, cet endroit comme étant leur endroit. Bien sûr, Andrew ne refusait jamais une balade dans un endroit dit touristique. Il n'avait honte de rien, et aimait bien même un peu parader au bras de sa petite-amie. Mais il avait aussi, parfois, envie d'un peu de solitude. Un petit coin où juste eux pourraient profiter du temps ensemble sans entendre les conversations des voisins et sans avoir à s'empêcher de parler d'un ton plus fort s'ils en avaient envie. Il fallait de tout pour faire un monde, même son propre monde. Sur un chemin de sable qui menait à leur endroit, Andrew se tourna en reculant pour se retrouver face à Molly. D'un geste de bras qu'il leva en l'air avant de le tourner, il tenta ainsi de la faire pivoter telle la princesse qu'elle était à ses yeux. Sa main vint finalement trouver refuse dans son dos, ce qui lui permit de la rapprocher pour poser quelques secondes ses lèvres sur les siennes alors qu'il laissait échapper quelques mots. « Je t'aime. » Ces mots, il les lui disait, c'était important pour lui de prouver son amour autant par des mots que par des gestes.

La plage où ils auraient pu se rendre était noire de monde, une chose qu'Andrew ne supportait pas, tout comme Molly d'ailleurs. Il ne comprenait pas pourquoi les gens s'entassaient les uns sur les autres alors qu'il y avait de la place partout ailleurs. Ils ressemblaient tous à des moutons, des personnes qui sont obligées de suivre les autres pour se sentir un minimum bien et ce comportement était stupide. Sa famille était sûrement un peu comme ça, à trop vouloir suivre les ancêtres sans jamais oser contredire quoique ce soit de peur de se faire rejeter. Mais lui n'avait pas envie d'être comme ça, il avait envie de prouver sa différence car, au sein de sa famille, il était réellement différent. Bien sûr, il montrait quelques points communs, des manies, des traits de caractère qu'on ne peut pas s'empêcher d'avoir avec une telle vie derrière mais tant d'autres choses le différenciait que parfois il se demandait s'il ne venait pas d'une famille totalement différente. Une famille plus terre-à-terre où l'amour est le principal fil conducteur. Il ne connaissait pas ce genre de famille, ce genre de relation avant. Mais depuis un an et demi, il construisait sa famille de rêve. Molly et lui constituait le rêve qu'il avait longtemps eu d'un couple heureux et amoureux et non pas d'un couple riche mais presque inconnu l'un aux yeux de l'autre.
La main de son amoureuse le ramena à la réalité et les quelques mots qu'elle lui donna en réponse se rajoutèrent à son bonheur. Beaucoup pouvaient considérer ces petits mots comme futiles et sans importance mais il se plaisait à les entendre, à les ré-entendre et aussi à les dire. « C'est pas le tout, mais on a encore du chemin à faire ! » Il se remit à marcher, la main logée dans celle de sa belle blonde en direction du chemin qu'ils devaient tous deux prendre pour retrouver leur petit coin de paradis alors que de l'autre côté, la plage était noire de monde. Le seul problème de l'endroit où ils avaient l'intention de se rendre était le lieu. En effet, le chemin était assez difficile et dangereux et même s'il n'était pas spécialement effrayé, voir le vide autour d'eux lui laissait une appréhension et il tentait de faire attention. « Pas de bêtises, hein ? C'est dangereux ici. » Et visiblement, il n'était pas le seul à le penser. Alors qu'il passait une main délicate dans le dos de Molly comme pour lui montrer qu'il était là en cas de problème, il lui répondit, regardant ses pieds pour ne pas trébucher sur quelque chose. « C'est pas comme si on faisait pas du tout attention à l'endroit où on met nos pieds, princesse. » Peut-être qu'il avait parlé trop vite et que la vie avait voulu lui montrer qu'il ne fallait jamais trop avoir confiance car sans qu'il ne le prévoit ou ne s'y attende, alors qu'il était à quelques pas derrière, trop loin pour la rattraper, il vit Molly trébucher. Il n'avait même pas eu le temps de réagir mais son cœur manqua de lâcher. Il se précipita d'une enjambée vers elle et, quand elle fut enfin relevée, il l'attrapa dans ses bras comme pour se rassurer. En l'espace de quelques secondes, il s'était vu la perdre et ç'avait été une frayeur comme il n'en avait jamais eue. « Ça va, tout va bien Molly, tout va bien, c'est fini. » Est-ce que ces paroles étaient prononcées pour elle ou pour lui, c'était une réelle question et la réponse aurait probablement été les deux. A sa question il ne répondit pas mais d'un geste protecteur encercla ses hanches pour la tenir, ne souhaitant pas revoir la vision d'horreur qu'il venait d'avoir. Et c'est ainsi qu'il reprit la marche, la maintenant fermement et faisant des pas moins rapides qu'au début de leur expédition. Ils allaient en avoir des choses à raconter de ce voyage une fois rentrés. La chose qu'Andrew espérait et qui lui faisait peur était de savoir s'ils allaient rentrer ensemble. C'était sûrement idiot mais plus le temps avançait, plus il avait besoin de parler à cœur ouvert à Molly mais cette idée maintenait en lui une peur qu'il ne pouvait contrôler, la peur de perdre celle qu'il aimait.
Quand enfin, il pût apercevoir le sable et un morceau d'eau de leur coin, il en oublia ses pensées et ses lèvres s'agrandirent pour laisser esquisser un sourire. Il embrassa délicatement la joue de Molly avant de la lâcher, sachant qu'ils étaient enfin en sécurité. « On est arrivés sains et saufs, maintenant, on a plus qu'à profiter d'un repos bien mérité. » En se retournant vers la plage, il se mit à sautiller comme un petit enfant. Qu'il se sentait bien ici ! Il se sentait libre et semblait oublier toutes les choses qui trottaient sans cesse dans sa tête. Il n'avait qu'une envie, ne jamais rentrer et affronter la réalité. Les vacances étaient trop agréables et si loin de tout que c'en était devenu comme un rêve et le réveil allait être difficile. C'était une des raisons pour lesquelles Andrew devait parler à Molly, pour savoir si le réveil allait pouvoir être simple, chose qui se passerait si ce réveil se fait à ses côtés.

C'est fou comme il pouvait l'aimer à tel point qu'il s'inquiétait plus pour elle que pour lui, dans toutes les situations possibles et imaginables. Tout ce qu'elle faisait était important à ses yeux et l'idée de la perdre, elle, était difficile. Et dans sa tête, ces temps-ci, il en était effrayé. Il fallait qu'il lui parle et qu'il lui avoue certaines choses mais plus le temps passait et plus la boule qu'il avait dans le ventre s'intensifiait. Il avait besoin d'elle auprès de lui et ne souhaitait pas risquer de la perdre d'une quelconque façon. Pourtant, la base d'un couple était le dialogue, la sincérité et le fait de pouvoir compter l'un sur l'autre alors il allait être obligé de parler avec son cœur et d'écouter les conseils de sa bien-aimée. Plus il y pensait, plus son courage se renforçait. Il devait lui parler et il allait le faire. Il allait profiter d'être dans un endroit à eux, en amoureux, pour lui parler de ce qui lui trottait dans la tête depuis des semaines. Heureusement pour sa tête, son esprit, il n'eut pas le temps d'y penser plus longtemps puisqu'une masse lui sauta sur le dos. Molly. Les mains de son amoureuse s'entourèrent autour de son cou pour se maintenir et lui passa ses mains sous ses jambes fines pour la tenir et éviter une deuxième frayeur. Ils leur fallut quelques secondes pour qu'Andrew ne retrouve un équilibre, pris par surprise et, alors qu'il entendait le doux rire de Molly, lui aussi laissa un son rieur sortir de sa gorge. Il fit quelques pas, évitant d'être trop rapide et vit rapidement le débardeur de Molly se planter dans le sable alors que lui était encore entièrement habillé. « On va à l'eau ? » Tant pis, il s'en fichait d'être entièrement trempé, il allait rapidement sécher. Un sourire scotché aux lèvres, il prit un peu d'élan et, la tenant fermement, tenta de courir vers l'eau en criant comme un enfant. « A l'eauuuuuuuuu ! » Quand enfin, il sentit l'eau à ses pieds, il avança encore de plus en plus jusqu'à sentir que l'eau prenait également ses hanches. A cet instant, il bascula sur le côté dans le but de mettre Molly à l'eau et lui aussi par la même occasion. Se retrouvant alors sous l'eau, il entraîna sa petite-amie avec lui avant qu'il ne remonte et ne lâche un rire qui témoignait de sa joie présente. Oh, ça, oui il était heureux. C'était même mieux que ça, il était sur un nuage, sur une autre planète, peu importe. Il était ravi et se sentait totalement à sa place. Près d'une Molly heureuse et épanouie et lui tout autant qu'elle. Peu lui importait qu'il ne finisse pauvre et sans rien d'autre que ''l'amour et l'eau fraîche'' si elle restait à ses côtés. Parce que l'argent ne faisait pas le bonheur mais c'était bel et bien Molly qui faisait le sien. Elle était tout ce dont il avait besoin, en comptant peut-être aussi sa petite sœur mais c'était très différent. Il souhaitait et se voyait bien faire sa vie avec elle, et cette vie commençait déjà. « Me laisse jamais. » eût-il envie de lui dire un sourire aux lèvres avant qu'il ne se relaisse tomber à l'eau, bras écarté et son dos cognant ainsi l'eau fraîche.

Ces moments qu'ils passaient juste tous les deux à rire et à profiter du moment présent le confrontait dans l'idée qu'il avait trouvé la bonne personne. Celle que certains recherchent pendant toute une vie, et celle que lui avait rapidement trouvée. C'était sa personne et il n'aurait pas pu espérer mieux. Peu lui importait les ennuis dans lesquels ils pourraient se trouver tant qu'ils étaient tous les deux pour les traverser. Et il en était sûr, c'était ça le véritable amour. Il était prêt à tout avec elle, à lui avouer ses problèmes, à sauter le pas du mariage. Il voulait passer les reste de sa vie à ses côtés et il en était sûr, ce n'était pas qu'une envie comme on en a tous les jours, qui passe et s'en va. C'était une réelle envie, une évidence. Il allait l'aimer pour encore longtemps, il voulait l'épouser, fonder une famille avec elle et vivre des années à l'aimer encore et encore, jusqu'à ce que la mort ne les sépare. « Pfiou, c'est salé comme tout ! » Il suffit d'une petite phrase pour faire rire Andrew aux éclats. Il ne savait pas vraiment ce qui le faisait rire : le fait qu'elle ait bu la tasse, sa phrase ou le simple fait qu'il était complètement heureux et éperdument amoureux. Sur ces réflexions, il pencha la tête pour faire plus encore rencontrer sa joue et la main de Molly, son toucher étant l'une des meilleures choses qu'il pouvait vivre sur cette planète et même ailleurs. Il n'eut pas le temps d'apprécier plus que déjà elle replongeait, manquant de lui faire perdre l'équilibre. Son regard suivit alors le corps fin de sa petite-amie qui passait entre ses jambes, manquant à nouveau de le faire tomber avant qu'elle ne réapparaisse derrière lui, lui répondant alors à ce qu'il avait dit plus tôt. Il y croyait réellement, au fait que jamais elle ne le quitterait. Et il savait aussi que lui ne la quitterait pas. Parce que cela se sentait quand on trouvait le véritable amour, celui qui sera toujours plus fort que les autres, toujours plus important. Et il l'avait senti dès le premier regard avec Molly, c'était ainsi. Il avait seulement vingt-quatre ans et il était déjà avec celle qui lui était destinée. « Toi et moi, c'est pour... » Andrew était tellement perdu dans ses pensées d'homme amoureux qu'il ne releva pas l'oubli de fin de phrase, comme si c''était normal. Peut-être était-ce également dû au fait qu'il ne connaissait pas la raison de cet oubli. Aussi il n'eut pas le temps d'y penser puisque les lèvres de son amoureuse se posèrent rapidement sur les siennes, chose qui lui faisait oublier tout le reste. Ces baisers valaient tout l'or du monde, à travers eux, on pouvait sentir tout l'amour qu'ils se témoignaient l'un l'autre. On pouvait sentir un dévouement et une promesse secrète. La promesse de s'aimer quoiqu'il arrive. C'est d'ailleurs cette promesse silencieuse qui le confronta dans l'idée que le moment était venu pour qu'il ne lui parle de ce qu'il avait à lui dire. Il était tant et il le savait. Mais il ne pouvait néanmoins pas s'empêcher d'avoir peur et cela se ressentait, se voyait probablement sur son visage. Le probablement devint une certitude quand Molly posa la fameuse question qui l'obligeait ainsi à dévoiler ses pensées. « Qu'est-ce qu'il y a, amour ? » Dans d'autres circonstances, l'entente du doux surnom l'aurait fait sourire comme jamais mais aujourd'hui, c'était assez différent. Il allait changer leurs vies. En quelques mots, il allait soit tout gâcher, soit tout changer. Et il fallait vraiment qu'il se lance désormais, il ne pouvait plus retourner en arrière alors il se lança. « Tout d'abord, tu sais que je t'aime et que, quand je prends une décision importante, c'est qu'elle est toujours mûrement réfléchie. » Peut-être que ce n'était pas la meilleure façon car cela pouvait l'inquiéter mais il ne savait pas comment amener le sujet et les mots sortaient de sa bouche sans qu'il n'ait eu le temps d'y réfléchir. Quand il reçut alors sa réponse, il put enfin continuer. « Tu n'es pas sans savoir que même en étant avocat, je reste un peu la déception de la famille. Louis, lui, reprend l'affaire familiale et c'est la chose la plus importante au monde. Si tu ne fais pas ça, tu n'es pas digne des Hastings. Mais on a de la chance parce que avocat est un métier suffisant pour les rendre fier et pour continuer à avoir leur amour. Par amour, j'entends bien sûr, leur argent. Ceci étant la seule preuve d'amour qu'ils n'arrivent à donner. » Alors que Andrew sentait qu'il s'étalait, il commença à jouer avec l'eau autour d'eux. Il fallait qu'il lui dise le plus rapidement possible, tourner autour du pot ne servait strictement à rien et lui répéter des choses qu'elle savait déjà non plus. Alors il enchaîna. « Je veux arrêter Molly. Je n'ai plus envie de m'encombrer de ce métier simplement pour être accepté dans la famille. Je vais me lancer dans le cinéma, comme je l'ai toujours voulu. Mais il y a un problème. Réalisateur n'est pas un métier accepté par mes parents. Alors, si j'abandonne mon travail pour me lancer dans ça, toi et moi, on perd l'argent versé chaque mois sur mon compte, tu comprends ? Ils arrêteront et j'ai besoin d'être sûr que tu t'en moques et que tu vas rester quoiqu'il arrive. Même si on devient pauvres, parce que j'arriverai à rien sans toi princesse. Tandis qu'avec toi, je suis prêt à les envoyer bouler, je m'en fiche de ce qu'ils pensent tant que je t'ai à mes côtés. » Ça avait été dur et peut-être même que ces phrases étaient trop incohérentes ou lancées trop rapidement mais au moins, c'était une chose faite et il sentait un poids s'enlever de sur son cœur alors qu'un autre le remplaçait : la peur de la voir désormais partir.

Le stress de Andrew se voyait nettement sur son visage. C'était sûrement trop bête d'avoir si peu car après tout, il avait confiance en Molly et surtout en la force de leur couple et de leur amour. Il savait au fond de lui que jamais elle ne l'aurait laissé pour une chose aussi futile que l'argent. L'argent dont elle avait manqué toute sa vie et qui pourtant, ne l'avait pas rendu malheureuse. Mais dans des moments de doutes comme il venait de vivre, les idées ne pouvaient pas être claires et elles ne l'avaient pas été. Alors il s'était posé mille questions, et ce, en un très court laps de temps. Mais il avait peur, il lui semblait ressembler à un enfant perdu. Un petit garçon. Cette peur n'était pas anodine bien sûr. La peur qu'il ressentait provenait de quelque chose de beaucoup plus profond : la peur de décevoir, et ce, sans cesse. Depuis sa naissance, il avait entendu qu'il était décevant. Jamais ces parents n'avaient soulevé les points positifs de leurs enfants, ils n'avaient fait que leur rappeler les moments de déception et même si Andrew faisait du mieux qu'il pouvait pour montrer qu'il s'en moquait, parfois il échouait. Car au fond, il ne s'en moquait pas. Sa tête, son raisonnement, s'en moquait éperdument, lui faisait répéter sans cesse qu'il pouvait avancer sans eux et qu'il le faisait très bien, que ce manque d'amour avait façonné la personne qu'il était aujourd'hui et dont il pouvait être fier. Mais parfois, dans des moments plus difficiles que d'autres, son coeur prenait le dessus et lui rappelait qu'il était un enfant de parents égoïstes et qu'il avait subi pendant des années ces personnes. Son coeur lui rappelait parfois qu'à leurs yeux, il n'était qu'un raté et parfois même il lui arrivait de se demander s'il n'y avait pas une certaine part de vérité. Alors forcément qu'il stressait, quand on réfléchissait à tout ce qui pouvait se passer dans sa tête, toutes les interrogations qui pouvaient y courir. Mais quand il posait les yeux sur Molly, tout allait mieux. Elle était celle qui lui avait appris à passer au dessus de ses pensées. Elle était celle qui lui avait rappelé qu'il n'était pas une déception et qu'il était un être exceptionnel. Elle lui avait appris à s'apprécier et à se faire confiance et elle continuait chaque jour. Ce fut probablement la raison pour laquelle, quand Molly prit la parole, il comprit tout de suite qu'elle lui faisait une blague. Il avait finalement confiance, en elle, en lui, en eux, en la vie. Puis, il la connaissait et ce, tellement bien depuis le temps. Certes, ils n'étaient pas le couple le plus vieux du monde mais il la connaissait comme s'il l'avait connue il y a de ça vingt années. Et surtout, surtout, il l'aimait. D'un amour incontrôlable et inimaginable. Il l'aimait de toutes ses forces et une des choses qu'il aimait aussi était ce qu'elle était en train de faire : le rassurer. Avec une blague, pouvant être prise au premier degré, pour lui montrer combien il avait été stupide de douter. Tout dans Molly criait à la blague, au petit mensonge pour lui remonter le moral. Son intonation non naturelle, ses gestes exagérées, ses paroles ne ressemblant pas à elle-même. Et il ne put s'empêcher de sourire. Parce qu'elle était merveilleuse, dans un moment pareil, de réussir à lui enlever toutes ses peurs, ses questions, ses souvenirs et à ne lui rappeler qu'une chose : qu'elle était là, elle, pour lui et que c'était tout ce qui comptait. Alors, en l'espace de quelques secondes, il oublia déjà ce qu'il venait de lui dire, la chose étant passée. Ils allaient en discuter, bien sûr, maintenant que la bombe était lâchée, mais pour l'instant, il n'avait qu'une envie l'embrasser. Chose qu'il ne fit pas tout de suite d'ailleurs. « Ah, tu te moques ? Tu te moques vraiment de moi ?! » Lança-t-il alors que ses mains attrapaient les hanches de la blonde pour la faire tomber à l'eau, acte qu'il considérait comme étant son acte de vengeance. « Tu ne perds rien pour attendre ! » Ajouta-t-il le sourire aux lèvres alors qu'il commençait à lui lancer de l'eau au visage, leurs rires s'élevant autour d'eux. C'était un pur moment de bonheur, surtout avec toute la pression redescendue d'un seul coup, c'était deux fois plus agréable et il se sentait comme perché sur un nuage, un des plus haut dans le ciel. Pourtant, quand il se stoppa et que l'agitation de l'eau se calma également, il ne reprit pas un acte de vengeance envers la jeune femme, non. Cette fois-ci, ses mains vinrent encadrer le doux visage de la blonde et un sourire qui témoignait de l'amour qu'il portait à Molly apparaissait sur son visage. Il ne lui fallut pas plus longtemps pour déposer un doux baiser sur ses lèvres avant qu'il ne dise, une fois séparé d'elle. « Merci. » Un nouveau baiser. « Merci pour tout. » Un nouveau baiser. « Je t'aime. » Et encore une fois, il reposa ses lèvres sur les siennes, parce que finalement, il n'en avait jamais assez, ça non. Il pourrait mourir comme ça, ce serait même l'une des meilleures morts qu'il soit, la meilleure mort pour lui : mourir en embrassant la femme qu'il aimait. Ça, ce n'était pas rien. « Tu sais que tu es merveilleuse, et surtout que j'ai énormément de chance de t'avoir ? » demanda-t-il avant de cesser de parler, se rendant compte qu'il n'avait pas cessé depuis tout à l'heure, ceci étant dû au soulagement et au bonheur qu'il ressentait à cet instant. Il était déjà épanoui en amour et maintenant, grâce à cet amour, au soutien et à la force qu'il lui apportait, il allait être tout aussi épanoui au travail.

Souvent Andrew se demandait comment il avait pu tomber sur une femme aussi exceptionnelle que l'était Molly. Beaucoup de gens pensent que le fait d'être issu d'une famille riche permettait d'avoir énormément de possibilités pour trouver des filles et c'était certainement une chose fondée puisque la richesse en attirait pas mal mais il était nettement plus difficile de justement trouver la personne qui n'était pas là pour cela, et il était nettement plus difficile de déceler cette personne. Pourtant, avec Molly, il avait tout de suite sentie qu'elle était différentes des autres jeunes femmes qu'il connaissait, ou des jeunes femmes qui se pavanaient devant lui pour tenter de se faire remarquer. Elle était réservée, ce qui contribuait à montrer son côté adorable et touchant. Et Andrew avait tout de suite craquer pour le bout de femme qu'elle était et il avait bien fait. Jamais il ne regretterai d'avoir craqué et d'avoir tant attendu avant d'enfin pouvoir être avec elle. Bien sûr, tout n'était pas facile dans leur relation mais il l'aimait et été aimé et c'était l'une des choses primordiales, avec la confiance et la sincérité. Jamais il ne regretterai, il en était sûr et ce, même si un jour ils en venaient à se séparer. Parce qu'avec tout ce qu'ils avaient vécu, elle était sa plus belle relation à ce jour et il avait du mal à s'imaginer sans elle, encore moins avec quelqu'un d'autre. Il avait foi en leur couple et en ce qu'il formait et il n'avait pas peur quand il affirmait qu'eux deux, c'était pour la vie. S'il avait le courage d'un jour dire cela à ses parents, ces derniers n'hésiteraient pas à lui rétorquer qu'il était d'un ridicule sans nom et que leur couple ne tiendrait pas seulement à cause de leurs différences de classes sociales mais qui étaient-ils, au yeux d'Andrew, pour se permettre d'émettre un tel jugement sur quelque chose que visiblement ils ne connaissaient ni l'un ni l'autre. Car Andrew le savait, leur amour n'avait rien d'amoureux, n'avait rien d'aussi beau que ce qu'il vivait avec sa belle blonde. C'était un amour de riche, un mariage probablement arrangé et qui n'avait jamais mené qu'au malheur de trois enfants délaissés. Andrew savait désormais quel genre de compagnon et de père il ne souhaitait pas devenir et peut-être même que Molly l'avait aidé à se rendre compte de ces choses. Il savait tout cela avant même de la connaître, bien sûr, mais elle lui avait permis de se rendre compte que ce qu'il pensait être un véritable couple n'était finalement qu'une vaste supercherie. Pour la simple et bonne raison que lui, à seulement vingt-cinq ans, vivait un amour beaucoup plus fort et beaucoup plus beau que ce que ses parents n'avaient vécu. Quand il se rappelait de ce genre de choses concernant son couple, il ne pouvait qu'en être fier et heureux et ne pouvait que voir apparaître sur son visage un sourire radieux alors qu'il regardait sa belle pour se féliciter d'être tombé sur elle, de lui avoir accordé de l'importance et d'avoir attendu son retour avec une telle impatience pour désormais vivre cet amour.

Quand il sortit de ses pensées qu'il trouvait pourtant magnifiques et très plaisantes, il fut assailli de questions en tous genres qui témoignaient finalement de l'excitation de Molly quant à ses révélations. Il se posa alors lui-même les questions dans sa tête, ne connaissant finalement pas toutes les réponses pour le moment. Allaient-ils retourner à Londres ? Il ne pensait pas non. Il n'en avait pas encore vraiment réfléchi et souhaitait en discuter sérieusement avec sa petite-amie mais il ne souhaitait pas vraiment rester en Angleterre. Après tout, lancer une carrière de réalisateur était certainement une chose plus simple à faire dans un plus grand pays et il avait vaguement pensé à aller s'installer aux Etats-Unis. Allaient-ils quitter ce pays de rêve et de vacances sous peu ? Certainement, oui. Les vacances touchaient forcément un jour à leur fin et Andrew avait pas mal de choses à régler maintenant que son choix était fait et entendu avec Molly. Il devait parler avec sa famille, quitter son travail, organiser un probable déménagement, aller voir son banquier pour mettre de l'argent de côté pour un projet concernant son couple, et également commencer à voir pour son nouveau travail bien sûr. Il n'avait pas spécialement envie de quitter cet endroit mais il savait qu'ils allaient en être forcés. Quand allait-il commencer son nouveau métier ? Incessamment sous peu, il l'espérait. Maintenant qu'il avait l'accord de sa petite-amie, il avait réellement envie de se lancer, il s'en sentait prêt mais il savait que tout n'allait pas être facile, qu'il avait une montagne de choses à régler avant et également pendant. Il savait qu'il allait devoir trouver des personnes souhaitant financer un projet pour pouvoir commencer car il n'aurait plus suffisamment d'argent pour lancer la production qu'il souhaitait réellement. Et il ne voulait pas créer un premier film avec trop peu de moyens et que ce film soit donc de mauvaise qualité. Avait-il déjà démissionné ? Non, bien sûr. Il avait absolument souhaité attendre d'en avoir parlé avec elle pour prendre une quelconque décision sur ce genre de choses. Mais il allait le faire, sous peu. Il devait régler quelques petites choses car déjà que démissionner n'était pas une chose facile alors démissionner d'un tel travail était encore plus difficile mais il allait le faire et ce, sous peu. Avant, il devait le dire à ses parents avant qu'ils ne le découvrent d'une autre façon et ça n'allait pas être une chose aisée, ça non. D'autant plus qu'il devait leur présenter Molly et qu'il appréhendait leur réaction quant à son existence qu'il leur avait cachée pendant tout ce temps.
Molly enchaîna rapidement sur ses pensées diverses concernant leur futur logement qu'ils seraient obligés de prendre une fois leur revenus nettement amoindris. Mais l'entendre tant parler ne le fit que sourire plus. Elle le souhaitait plus que ce qu'il n'avait pu imaginer et c'était forcément une chose qui le rendait heureux. Pourtant, en la voyant tant déblatérer, il ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux. Il n'arrivait plus à suivre. Elle se stoppa alors, se fit excuser d'un sourire et Andrew put prendre la parole pour tenter de répondre de façon rapide, ne souhaitant pas qu'ils discutent de toutes ces choses aujourd'hui même alors qu'ils profitaient encore de leurs vacances. « Molly, ma douce Molly, qu'est-ce que tu peux être bavarde parfois » constata-t-il alors avec un rire pour lui montrer que ce n'était nullement un reproche et que surtout, il trouvait cela adorable. Il enchaîna par la suite. « Pour notre futur logement, tu pourras choisir toute la décoration, je suis vraiment nul dans ce domaine, tu le sais. » Ce fut la seule question à laquelle il répondit avant de lui expliquer donc la raison de son silence sur le reste. « On parlera de tout ça plus tard tu veux ? Aujourd'hui, on profite juste d'être ici en amoureux et du soleil radieux. Nous aurons bien le temps de discuter de toutes ces choses plus tard, ici, ou plus tard une fois rentrés je-ne-sais-où. » Il ne put néanmoins s'empêcher de venir la prendre dans ses bras et de lui embrasser le crâne, la remerciant silencieusement de par ce geste pour tout ce qu'elle lui apportait depuis un an et depuis quelques minutes en acceptant ses choix de la sorte. La jeune femme accepta de profiter sans plus de questions du reste de leur après-midi qu'il purent passer à différentes activités : la baignade, les câlins, la sieste au soleil et surtout, beaucoup beaucoup d'amour comme toujours.