t'en avais marre. t'étais las de tout ce fracas autour de toi. carmilla se sentait seule, délaissée, abandonnée. pourtant, tu te donnais. tu donnais de ta personne, tu donnais de ton énergie - littéralement- pour qu'elle continue à vivre. elle ne comprenait pas ce que tu faisais pour elle, elle ne pouvait pas. candide et douce qu'elle était, trop absorbée par le mal qui la rongeait. tu aimais cette facette d'elle, presque autant que tu la détestais de ne pas plus s'en préoccuper. tu devais baiser pour arriver à la faire marcher. c'était dégradant, c'était décevant par moment, écœurant plus souvent. mais tu le faisais. pour elle, pour ses beaux yeux, pour sa belle âme. parce qu'elle était elle et que tu étais toi. les soirées étaient longues, les journées courtes. quand tu rentrais dans ce sordide appartement, à bushwick, tu n'avais pas envie de l'entendre piailler pour glaner quelques informations. elle n'avait pas encore les épaules pour entendre, pas encore la relativité pour comprendre. tu avais grandit en prenant conscience de la vie, elle devait encore faire son chemin pour comprendre ce qui te motive. et andrew, lui, l'avait compris. malgré vos différences, malgré ta jalousie à son égard et à son milieu favorisé, tu l'appréciais. c'est pourquoi tu aimais bien aller dans son quartier huppé, boire un verre en sa compagnie. vous ne vous parliez pas beaucoup en dehors. à dire vrai, les seuls échanges virtuels que vous aviez se cantonnaient à vous donner rendez-vous dans le même bar, généralement à la même heure. pas tous les soirs, pas toutes les samedis, mais une fois par ci, une fois par là. votre moyen à vous, entre mâles, de décompresser de vos femmes. car oui, monsieur avait la sienne aussi. divine blondinette du prénom de molly. agréable surprise que celle-ci. il l'avait bien choisi. comme toujours, le destin vous apporte ce que vous méritez, et andrew et toi, vous aviez bien géré.
tu l'attendais, installé à ce bar, installé à ta place. l'homme qui t'amenait ton verre te souriait, reconnaissant tes traits. il savait que, quand tu venais, il ne fallait pas te déranger. soit tu étais en mission, soit tu étais en introspection. tu buvais une gorgée de whisky trop peu corsé pour tes papilles habituées à la dureté de ses liquides translucides qu'on sert en fin de soirée. mais tu appréciais. vue le prix, tu le dégustais même. c'est alors que la tête blonde fit son apparition dans ton champ de vision. tu te retournais de quart de tour, tu lui souriais doucement, presque timidement, tendant ta main qu'il empoignait fermement. salut. merci d'être venu. vous n'aviez pas besoin de beaucoup parlé, sur le fond. il savait que tu allais t'ouvrir à lui bien assez vite. si tu l'avais convoqué, c'était pour parler. il commandait son verre, tu attendais qu'on le serve, pour tout déballer. tu te souviens de carmilla? la brunette avec qui je vis là, celle dont je te parle à chaque fois qu'on se voit? elle commence à poser des questions sur mes rentrées d'argent. elle ne peut pas savoir ce que je fais pour la soigner.. tu soupirais, levant le regard vers ton ami blond. pas vrai? tu hésitais. tu avais envie de lui dire que tu te vendais pour enfiler tes conquêtes du soir, que tu pillais les appartements des riches demoiselles qui t'avait ramené chez elles pour la soirée. tu aimerais qu'elle sache par quoi tu devais passer pour l'aider. mais d'un autre coté, ce regard de déception, de dégout, de répulsion pourrait t'anéantir, la honte aussi. les conseils avisés de ton ami te feraient surement réfléchir.