Elle s'éclipsa de la chambre, à nouveau, comme un train-train quotidien. Elle n'avait que furtivement adressé la parole à cet homme qui était son mari. Je sors. lui avait-elle lancé quelques minutes plus tôt, en claquant la porte avant qu'il n'est le temps de rétorquer quelque chose ou de simplement demander où elle allait. Ce qui, dans le sens commun, était une chose tout à fait normal. Après tout, ils étaient mari et femme. Ils vivaient ensemble depuis sept ans à présent, six ans de mariage et tout bonheur avaient disparu du jour au lendemain. Et puis d'une certaine manière, elle savait que lui-même était trop occupé. Il n'avait qu'à penser à rien d'autre qu'à lui, comme à son habitude. Descendant et sortant du gstaad palace auquel elle allait y héberger le temps d'une petite durée de cette saison, elle ne manqua pas de remercier le jeune homme qui passait ses journées postées à la porte à sourire au moindre individu. On pouvait dire qu'elizabeth appréciait cette vie de petite-bourgeoise anglaise, accumulant sans cesse tout ce qu'elle désirait, mais d'un côté, elle ressentait de l'empathie pour ces personnes. Bien évidemment, la jeune femme n'est pas arrogante et hautaine au point de rire aux nez de ces braves gens. Elle était plutôt caractère à s'ouvrir à tout le monde, avec faculté d'en faire un tri, tout de même.

Crinière blonde enlacée par un léger chouchou noir, la demoiselle ressemblait à un eskimo. Toute vêtue de blanc polaire, on aurait pu la confondre avec ces grands ours blancs. Ou un Manchot, non pas le yéti, pas encore. N'ayant pas encore montré ses exploits de grande skieuse de fond, il était inutile de se moquer d'avance. Ses skis sous les bras, madame lionheart s'installa sur le banc mit à disposition de la clientèle dans l'attente de sa nouvelle amie. Qu'elle pouvait considérer comme telle. Ou du moins, cette nouvelle connaissance de vacances.

Elizabeth ne cessait d'admirer la compétence de ces personnes a skier aussi parfaitement, comme s'ils étaient nés avec ces deux bouts de bois aux pieds. Elle, il n'était pas rare qu'elle ressemble au bonhomme de neige de Frozen à la fin du pente. Tandis qu'elle commençait à enfiler sa paire de ski, son sourire s'accentua lorsqu'elle aperçu la tête rosée par le froid de son rendez-vous de l'après-midi. Hope ! S'écria-t-elle en levant sa petite main gantée en sa destination pour ne pas qu'elle passe à côté d'elle.

Elizabeth aurait pu être une femme comme une autre. Une inconnue croisée par hasard. Une rencontre inattendue bien qu'agréable. Mais il y avait quelque chose dans son regard qui la rendait singulière. Une détresse, un appel au secours. Une peine sans nom que seuls ceux qui ont connu la douleur peuvent comprendre. Hope faisait partie de ces gens-là. Et elle s'était raccrochée à cette femme dans l'espoir d'être comprise. Certes, leurs souffrances étaient différentes à bien des égards, mais elles avaient mal et c'est bien là ce qui les unissait tant. Liées dans la douleur. Chacune permettait à l'autre de sortir de sa solitude, de ce cocon malsain dans lequel elles s'enfermaient en pensant se sentir mieux. Elles s'aidaient mutuellement et ne semblaient même pas s'en rendre compte. Mais la sérénité qu'éprouvait Hope en présence de la jolie blonde lui fit comprendre que tout ceci n'était pas anodin. Elle aurait presque pu voir dans cette rencontre un signe du destin. Deux femmes aux cœurs blessés qui se trouvaient pour panser leurs maux. N’était-ce pas magnifique quand on y pensait ? Hope voyait cette rencontre comme quelque chose de bénéfique. C'était un moyen pour elle de s'ouvrir à de nouvelles personnes et de ne plus vivre constamment renfermée sur elle-même. Ainsi, elle allait pouvoir avancer... Et c’'était tout ce dont elle avait besoin.

Marchant à vive allure vers les pistes de ski, les deux bois sous ses bras, elle espérait que son amie n'allait pas trop l'attendre. Elle était pourtant du genre ponctuel mais elle avait mis bien dix minutes avant d'arriver à enfiler ses chaussures de ski, une vraie galère. Cela prouvait à quel point elle n'était pas une adepte de la glisse. Elle aimait skier, mais elle n'était pas une grande sportive non plus. Cela restait un passe-temps plus qu'autre chose. Néanmoins, lorsqu'Elizabeth lui avait proposé une journée ski entre filles elle n'avait pu refuser. Les deux jeunes femmes ne se connaissaient pas depuis longtemps, pourtant, elles avaient tissé ce lien si particulier que Hope ne pouvait la considérer comme une simple connaissance. Non, c'était bien plus. Il fallait juste un peu plus de temps avant qu'elles ne deviennent de grandes amies, de cela, elle en était certaine. Ce voyage, commencé il y a peu, dans le but d'honorer la mémoire de son amour défunt avait finalement des bons côtés. Elle n'avait jamais pensé qu'elle rencontrerait des personnes qui compterait pour elle, ou qui du moins l'aiderait à avancer.

Au loin, elle vit la jolie blonde qui l'attendait près des télésièges. Visiblement Elizabeth l’avait vu aussi puisqu'elle lui fit un signe de la main. Geste qui fit sourire la Jenkins. Elle s'approcha rapidement, saluant son amie d'une bise sur la joue. « Bonjour ma belle. Désolée du retard, tu n'imagines même pas à quel point ces chaussures sont difficiles à mettre… Et je ne te parle même pas de la combinaison ! » Elle échappa un léger rire à sa remarque. Oui, elle n’était pas très douée avec les équipements de ski. Si Elizabeth l’avait vu elle se serait probablement gentiment moquée d’elle. Il fallait dire qu’elle n’avait pas eu l’air fine lorsqu’elle avait tenté sans grâce aucune d’enfiler ces immondes chaussures de ski. Non sans effort elle y était finalement parvenue mais la scène avait d’un ridicule sans nom, si bien qu’elle était soulagée d’avoir été seule durant un moment pareil. « Prête pour affronter les pistes ? En espérant qu’on ne reste pas coincées sur ces télésièges. Ça m’a toujours foutu la trouille ces machins ! Pas toi ? »