❅ Quand elle avait quatre ans, Eva ne pouvait s'empêcher de vomir sur son grand-frère lorsqu'il l'embêtait. C'était son moyen à elle de défense.❅ Lors des années de primaire d'Eva, elle était amoureuse d'un garçon qui répondait au nom de Luc. Joueuse, elle s'amusait à l'appeler dans le sens inverse de son prénom; Cul. Ça la faisait rire à en perdre haleine, jusqu'au jour où son humour lui a été fait payer. Effectivement, le petit garçon l'a laissé tomber car c'était une fillette trop méchante.❅ Petite fille, Eva n'était pas aidée par la nature. A cause de quelques rondeurs, les autres enfants de son âge préféraient l'appeler Bouboule. ❅ Le manque d'argent de ses parents l'a toujours fait souffrir. Voulant être une princesse à son tour, la brunette s'était assise à côté d'un sans abris pour faire la manche et s'acheter une couronne. ❅ Après le sport au lycée, prendre une douche était une possibilité pour les étudiants. Très soigneuse de son apparence, Eva la prenait systématiquement. Seulement, un jour, une fille un peu trop jalouse de la beauté de sa camarade a décidé de lui voler ses vêtements. Provocante, Eva est sortie, nue, en pleine hiver des vestiaires pour aller se plaindre à sa professeur. Elle a ensuite été exclue pendant trois jours. ❅ Les rêves d'une jeune fille un peu trop rêveuse, la belle Azzola a toujours cherché la gloire, les lumières, la couronne, la richesse. Découlant de ce côté obsessionnel, plutôt que de travailler pour se payer des choses hors de prix, la belle préférait mettre à ses pieds des adolescents riches un peu trop naïf. ❅ La seule et véritable amie d'Eva est décédée en s'étouffant, à cause d'une frite. Quand on lui a annoncé, la jeune fille n'a pas pu s'empêcher d'émettre un rire avant de s'effondrer sur le sol. ❅ Peu habituée aux réels sentiments, Azzola a déjà effectué un mouvement semblable à un ninja lorsqu'un garçon de sa classe lui a avoué ses sentiments. ❅ Lors d'une soirée au bar un peu trop alcoolisé, Eva s'est déjà mise à danser sur une table au milieu de la foule. Seulement, la fragilité de son estomac l'a fait vomir sur une petite dizaine de personnes qui avaient le malheur de se trouver à ses pieds. ❅ Un réveil trop précipité, les yeux un peu trop clos, Eva était partie travailler avec beaucoup de négligence. Arrivée à la boutique Cartier, sa patronne l'a renvoyé chez elle pour qu'elle puisse se refaire une beauté. Elle ne s'était pas priée de lui dire "qu'ici, on accueil pas les pauvres, même s'ils ne font que travailler". ❅ Quand elle est sous la douche, la brune chante horriblement fort et également, horriblement mal. Un voisin est déjà venu déposer un mot à sa porte pour la supplier d'arrêter. ❅ Eva rêve, sans cesse. Eva pleure, Eva est fragile. Eva est l'amoureuse incompétente, Eva est impulsive. Eva est entière, un peu trop elle, un peu trop une autre. Eva, c'est une perle, il faut juste la trouver derrière ce qu'on peut remarquer de l'emballage.

tu laissais les mots t'encercler, ils étaient là à toucher ta peau, à l'enflammer discrètement. dans un souffle d'encre, un ouragan venait chevaucher tes pensées, meurtrir tes lèvres rouge sang. tes lèvres bougeaient à la cadence de ton écriture, ta tête se balançait de gauche à droite, endoloris par tant de force, de contracture. et dans un murmure alarmant, t'expirais, épuisée par le vide émotionnel que tu ressentais. tes doigts caressaient le bois de ton bureau, ils s'accrochaient petit à petit, effleurant cette matière vieillie par le temps. puis, inconsciemment, après tant d'efforts, tu finissais par l'arracher, la compacter. cette feuille, elle ne t'avait rien fait, mais elle subissait toute la souffrance, toute la haine qui parcourait ton corps. tu n'avais plus envie de rien, ni même d'hurler ta peine, de lui montrer qu'il avait eu tort. t'observais par la petite fenêtre la neige qui tombait, t'avais envie de voir toute cette pureté blanche fondre dans les flammes de l'enfer.
c'est donc dans l'air du temps que ta lettre restait suspendue, inconnue. elle était crusoé, échouée sur une île perdue. un sentiment d'abandon, de solitude. puis seul dans un monde d'ombres et d'horreurs, la lettre finissait par consumer seule ses mots enchantés.

"raphaël,

j'ai perdu l'habitude de te parler, j'ai perdu les sensations qui me donnaient envie de t'aimer. je perds, au fil du temps, la passion dévorante que j'avais en observant tes yeux, tes gestes. je ne reconnais plus ton parfum dans la rue, il s'est envolé, comme une poussière insignifiante dans les abîmes de mes souvenirs.
excuse-moi, de t'avoir aimé un peu trop fort, un peu trop mal, avec maladresse. excuse-moi d'avoir ressenti, pour la première fois de ma vie, la liberté, le laisser aller. excuse-moi d'avoir découvert une autre moi, tout simplement. je n'ai pas tenue ma promesse d'un jeu sans encombrement, sans débordement, sans sentiment.
je t'en veux, c'est indéfinissable, incontrôlable. et celle pour qui tu t'amusais, elle est plus forte encore. elle est plus horrible que jamais, moins intègre. je ne suis pas qu'une princesse pauvre ratée, comme tu as pu si bien le dire. je suis plus forte que ça, et de nous deux, c'est toi qui a tout perdu. tu ne sais pas aimer, tu ne sauras jamais, et je te souhaite de pourrir et crever dans ta solitude. t'es même pas digne d'être le fils de lucifer, t'es juste un solitaire perdu et angoissé d'assumer qui il est. te donner des apparences, ça ne t'aideras pas dans ta vie. et tu es seul, complètement, alors je te laisse volontiers. je te laisse vaquer à travers le monde, sniffer par le nez ou te piquer les veines.
je n'ai jamais eu la vie facile, tu le sais. j'ai toujours eu des problèmes, des complexes, une famille aimante trop peu présente, l'esprit de famille envolé, déchiré. j'ai eu des relations inexistantes, superficielles. des amitiés arrachées, dévorées par une vie trop injuste. mais souviens-toi de moi, de mes lèvres, de mes mains qui parcouraient ton corps dans les nuits sombres et noires de nos rencontres. puis si jamais tu cherchais à me retrouver pour détruire ma vie, sache que je suis partie de lausanne. c'est terminé, du passé. je me construis ailleurs, loin de tout, loin de vous, de toi, de cette vie impitoyable. je vais régner, et le jours où tu t'en rendras compte, tu cracheras sur ton image renvoyée par le miroir. tu vas regretter d'avoir joué, plus que jamais.

je te déteste,
tendrement,
eva."

tu savais que dans le fond, le monstre, ce n'était pas raphaël, mais c'était toi.