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 Mots. [Pacôme.]

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MessageSujet: Mots. [Pacôme.]   Mots. [Pacôme.] EmptyLun 12 Jan - 15:03

La sueur m’inonde; perles glacées glissant sur mon visage brûlant. Les flammes assaillent mes poumons, embrasent mon cœur, la tête me tourne, mes sens se mélangent. Je ne sais qui je suis, perdu dans les abysses d’un noir me dévorant. Mes muscles se crispent, se nouant, résistant contre l’appel de mon corps, les pulsions violentes de mon cerveau réclamant, m’hurlant de laisser se distiller dans mon sang ne serait-ce que quelques gouttes de mon poison divin. Et je lutte. Je lutte contre la douleur qui m’harasse. Je passe du rire ou pleurs, me griffe, tente désespérément de provoquer une douleur nouvelle, étrangère au manque terrible que ressent mon être. Je souffre comme je n’ai jamais souffert, cela m’exalte, je ressens enfin et je dérive lentement. Sans elle. Sans ces quelques gouttes au goût mentholées. Sans cette musique accompagnant ma transe, sans cette réalité se transformant, se tordant sous les visions hallucinatoires de mes sens poussés à bout. Je me tords encore, glisse hors de mes couettes. Elles me semblent mouvantes, cherchent à m’attraper, à me retenir dans un sommeil qui me fuit. Je sombre, peine à voir mes mains dont les ongles s’accrochent péniblement au plancher de mon appartement. Lui-même semble vouloir se dérober, j’ai soudain  l’étrange sensation de tomber. Un cri m’inonde, résonne en mon corps, jaillit hors de mes lèvres. 
Je me réveille. Le souffle court arasé par ces sensations nouvelles venues troubler mon repos. Je soupire, passe une main dans la folie de mes cheveux. Un regard sur l’extérieur me confirme la présence de la nuit qui s’étend. Ai-je dormit tout le jour ? J’ai l’amer sensation de devenir fou. Les gouttes m’ont laissés des séquelles, cela me fait sourire doucement. Etre un drogué en manque… Quelle incroyable expérience.
L’air hivernal me fait du bien. Je m’arrête un instant, savourant la brise glaciale venant apaiser mon esprit. L’instant du manque m’est passé, je sais qu’il me surprendra encore, lorsque je ne m’y attendrais pas, lorsque l’ennui ou le sommeil viendront endormir mes sens. Néanmoins, je n’ai pas peur, pourquoi diable craindre les conséquences de ce que j’ai moi-même provoqué ? Dean m’a mise en garde, Jane aussi… Ils ont eu raison mais je ne peux résister à la tornade lorsqu’elle se présente. Moi et mon besoin d’extrême, d’adrénaline, d’émotions. Grâce aux gouttes je n’étais plus qu’une vulgaire coque vide, grâce à leur absence je ressens le manque, un sentiment d’abandon extrême qui anime mon palpitant. Je me sens vivant. 
Une bourrasque de chaleur agresse mon corps emmitouflé dans un long manteau noir lorsque la porte s’ouvre dans un cliquetis agaçant. Des têtes bien coiffées se retournent, posant un regard voilé de curiosité sur le nouvel arrivant que je suis. Je m’incline devant la foule comme le ferait un homme connu avant de sourire aux regards que je croise. Des sourcils s’haussent, des murmures s’élèvent et les têtes se retournent. Ils soupirent, je dérange et cela me plait. Je n’ai rien à faire ici, dans le repère des gens de biens, des gens polis, lissent, correspondant parfaitement à l’image propre d’une société guindée, outrageusement riche.
Je m’avance lentement, commande un cognac au barman tout en laissant mon regard s’attarder sur des visages. Du blanc, de la perfection, du lisse. Des éclats de beautés sans imperfection, beauté rafistolée, achetée, camouflée, fausse pour paraître vrai. Et puis, il y a lui. Tâche sombre au milieu de ce joyeux tableau de perfection. Homme au visage creusé, maigre, au regard lointain fixant avec paresse la surface ambrée de son whisky. J’hausse un sourcil, hésite, il m’interpelle, éveille en moi un sentiment étrange, un parfum de déjà vu. Il était là, son visage, sur la couverture d’un livre aux mots violents, aux histoires sombres s’empreignant d’une odeur d’enfant. Comment se nommait-il déjà cet auteur ? Cet auteur qui réussit, cet auteur connu, trop connu pour que son identité éclos en ma mémoire.
Je me saisis de mon verre et m’approche sans le quitter des yeux. Je prends place en face de lui, sans prendre la peine de lui demander l’autorisation. Indécent comme à mon habitude je me pars d’un bref sourire engageant et à la fois agaçant, camouflant à peine le cynisme dormant derrière mes lèvres. 
« Tu es l’écrivain. J’ai oublié ton nom et je dois bien avouer que cela m’attriste. Qui es-tu ? »
Je m’adosse confortablement au dossier du fauteuil de cuir en apprécie le confort avant de porter à mes lèvres ce liquide délicieux dont la saveur corsée ne laisse guère de doute sur la qualité de sa provenance. 
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MessageSujet: Re: Mots. [Pacôme.]   Mots. [Pacôme.] EmptyMar 13 Jan - 12:03

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« Je reviens, des courses à faire, le frigo est vide, alors tu restes là » Il embrasse la belle, l’effrayée qui recule devant lui, devant chaque geste ou parole. Cette fois, le cliquetis résonne, d’une porte qui est condamnée, de celle qu’on ne doit ouvrir sous aucun prétexte. La clé à la poche, les issues déjouées. « Murph, tu surveilles, et si elle sort… non tu la manges pas, ça, c’est interdit, mais tu ne l’as laisse pas s’enfuir, d’accord ? » Les mots pour le canidé qui ne comprend rien, court derrière le maître, aboie quand la porte claque. L’extérieur l’oppresse, comme d’autant de mains, des serres à son cou. Suffocation. Il frissonne de peur, resserre le manteau, met les gants, mais ce n’est pas le froid, c’est la crainte des autres qui s’insinue, vicieux poison. Un dernier regard et il descend à la station, d’une mustang qui crache des panaches de fumée. Le monde court, d’autant de figures intéressantes qu’il ne prend pas le temps de voir, c’est un fracas de couleurs à son regard, de ces gens venus pour skier, les autres pour se montrer.

Refuge dans un bar. Les inconnus se pressent, les langues étrangères se mélangent, joli capharnaüm qu’il distingue, comprend un peu d’allemand ici, des italiens par là, souvent du français. La voiture ne démarre plus, attendre un peu, trouver de l’aide, c’est là qu’il s’échoue, loin des autres, des regards qui se tournent, des murmures à son passage. La fuite s’opère. Commande d’un verre, puis tout s’oublie. Qui es-tu. Une question dangereuse, sans réponse, sans possible mot. Pacôme lève les yeux, quitte le liquide ambré, la belle couleur qu’il ne voit pas, elle qui lui arrache la gorge. Comment font les autres, eux les grands pour avaler quelque chose qui leur perfore la gorge ? Un whisky, c’est une commande pour prétendre, la copie du voisin, pour ne pas demander un verre d’eau – c’est ridicule de l’eau, dans un bar. Un chocolat alors. Pire ! Le verre joue des reflets, c’est intrigant, peut-être plus que le curieux qui s’est installé en face. Qui es-tu. Ça revient encore, un écho de la mémoire, des murs blancs qu’il visionne. « Pacôme » Qu’il murmure, comme un interdit. C’est l’oubli de son identité, du métier exercé, tout ça, les pages noircies de quelques léviathans. Succès insoupçonné. Il ne se retourne pas quand son nom est scandé, manque la crise de panique quand on lui demande une signature sur un morceau de papier. Etrange. « Tu aurais pu me demander, avant de t’asseoir. Peut-être que j’attends quelqu’un… » Peut-être que non. La nécessité d’être poli, des règles établies dès l’enfance, il s’en souvient, de tout ce cérémoniel agaçant. Les mots ne sont que pour éclater le silence, pas un reproche. L’espace sécuritaire est violé. « Ton prénom ? » Qu’il demande toujours, d’une liste tenue à jour, comme un jeu, de connaître des identités différentes, il s’écarte des noms doublés. Du carnet posé sur la table, il l’ouvre, calcule les pages pour arriver à celle qui liste des prénoms, écriture impeccable, probablement trop appliquée, tout le problème dans le rendu de ses romans, ce besoin de perfection dans la calligraphie. « Tu veux un autre verre peut-être ? » De l’invitation qu’on sous-entend, Pacôme ignore, juste le verre vide qui l’interpelle. Le sien reste plein, abandon.


Dernière édition par Pacôme Gautier le Mar 13 Jan - 15:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mots. [Pacôme.]   Mots. [Pacôme.] EmptyMar 13 Jan - 13:15

Silence, regard voilé. Je flotte à la frontière de sa conscience sans prendre de consistance. Je connais cette torpeur, la partage un instant avec lui, demeure clos, figé dans une attente paresseuse, que les mots viennent. Qui es-tu. Question lancée, question sans valeur, dénuée de sens, uniquement existante pour lancer le début de quelque chose, pour parer mon ennui, pour chasser ce manque atroce creusant mon âme, creusant ma tombe. Je glisse dans mes rêveries, laisse mon regard embrasser son regard, en caresser les contours, découvrir les ridules froissant sa peau comme autant de virgules rythment les phrases. Usé, perdu, frappé par les mots qui froissent, les mots qui abîment. Il est sans vraiment être, victime de sa propre présence, victime de mon arrivée.  Mes billes d’eaux paresseuses fixent son verre plein, contenance délicieuse qui ne semble guère satisfaire le palais de l’inconnu. Il n’a pas l’air d’être de ceux qui boivent, de ceux qui cherchent un moyen de s’enfuir, de lutter contre les maux de l’esprit. Il a l’air d’un enfant, un enfant au visage parcheminé et aux cheveux blancs. Un enfant ayant trop vécu, touchant dans sa fragilité, effrayant dans l’éclat que je perçois dans ses yeux. Malaise soudain, je ne me suis pas trompé en m’approchant, l’homme m’intrigue, j’ai envie de percer la surface sombre couvrant son être, le déranger peut-être, qu’importe. J’aime sortir les gens de leur torpeur.


Le prénom vient. Identité trouvant échos dans mes souvenirs éparses d’une soirée abreuvée de mots et d’aventures. Pacôme… Pacôme Gautier. Je n’ai lu qu’un seul de ses ouvrages sans même le terminer. Je ne me rappelle que de quelques passages, des nouvelles écrites pour nourrir les rêves des enfants, des nouvelles camouflant de plus sombres promesses, quelques secrets sans doute puisque l’écrivain ne laisse jamais ces mots flirter avec le hasard. Puisque ils trouvent toujours une raison d’être, un point de départ, racontent les maux sous couvert d’histoires légères, ils sont trompeurs les mots mais porteurs de vérité atroce pour ceux qui savent lire, qui savent voir au-delà du mensonge déguisé en vérité. Sans doute est-ce pour cela que je n’ai jamais su écrire un roman. J’aime tromper sans que l’on puisse me trouver, j’aime demeurer caché, comme un murmure, à peine existant, être une épine sous le pied, piquant à souhait mais dont il est facile de se débarrasser. Paradoxe, j’ai peur de ce que les autres pourraient faire de mes œuvres. Je suis un égoïste, les mots m’appartiennent et c’est plus facile, plus facile que de s’entendre dire qu’on ne vaut rien. J’ai un égo, encore, quand bien même je le crible chaque jour de coup de hache.


La voix caverneuse surgit à nouveau me rappelant à la réalité de l’instant. Mon regard rencontre le sien, billes d’hiver et ombre printanière. J’hausse un sourcil, laisse entrevoir un faible souvenir : « Tu attends quelqu’un ? ». Léger rire, j’observe un instant les êtres nous entourant. « Tu es une tâche au milieu de gens trop beaux, j’imagine bien quel genre d’être pourrait te rejoindre ici. » Je parle pour moi, laisse entrevoir mes songeries sans saveur en vérité, je me moque bien de pouvoir le déranger, tout commence toujours par ça, par quelque chose qui vous picote.
« Nob’s. » Je réponds dans un soupire, dans un sourire au parfum provocateur. Je ne suis pas grand-chose, un petit grain, un petit rien qui se fait chier, qui vient trouver une occupation. L’identité importe peu, je suis un inconnu : « A quoi bon cette liste ? » Je m’accoude à la table, termine mon verre, pose un regard intrigué sur son carnet parfaitement entretenu, aux lettres dessinées avec lenteur, avec soin, minutie intrigante. « Je veux le tiens. L’alcool n’a pas l’air d’être ton fort. » Réponse direct, je m’invite à nouveau, m’arme de mon sans gêne et ramène le doux whisky jusqu’à mes lèvres. Remplacer un poison par un autre : facilité.


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Dernière édition par Nob's Tailers le Mar 13 Jan - 18:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mots. [Pacôme.]   Mots. [Pacôme.] EmptyMar 13 Jan - 15:55

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Gène. Pourtant, il regarde, ne quitte pas les yeux de l’autre, comme une défense bancale, un moyen d’ériger une carapace fissurée de part en part. Pas d’issue pour le perdu. Les épaules sont basses, apeuré qu’il est. Pas d’apparat pour lui, de cuirasse étincelante. L’attaque glisse, serpent sournois qui contourne l’égaré, du garçon affable. Qui pourrait te rejoindre, qui est là pour toi Pacôme ? Le verre devient le point d’ancrage, pour effacer l’importun, l’inconnu qui répond dans le désordre, ça bouleverse un schéma. Le rire ricoche, et Pacôme arque un sourcil, incertain de la nécessité d’une telle expression. « J’attends Céleste, mais j’ai oublié de lui donner les clés, donc elle ne pourra pas venir, sauf si elle arrive à crocheter la serrure » cet impossible tri des informations, la nécessité de toujours tout révéler, sans aucun filtre, sans aucune méfiance. Céleste. La jolie sœur, elle doit s’inquiéter maintenant. Deux heures avait-il dit, cent vingt minutes, le temps d’un dessin animé, et du début d’un autre. La montre à son poignet est arrêtée, les piles sont mortes depuis des années, heure figée sur 10h10. C’est mécanique de regarder, d’une assurance bancale.

« Nob’s » Qu’il répète, de la voix caverneuse, comme pour s’imprégner du prénom inconnu, c’est singulier. Peut-être une invention. La question l’étonne, personne ne comprend pourquoi il est nécessaire de noter les prénoms, tous imbéciles ! « Pour l’imagination. C’est agaçant de rencontrer quelqu’un qui a le prénom d’une autre personne que tu connais, ça porte à confusion » Les prénoms ont leur importance, désignent les gens, certains qu’il refuse à connaître, il existe une liste pour les gens à ignorer. « Nob’s. c’est le diminutif de ? » Il trace les lettres avec précision, rapidité, mais toujours ce soin clinique. Le carnet se referme, emporte les lettres. Les températures n’affectent pas Pacôme, mais la présence des autres, de trop de monde le dérange. Chaud. Les manches du pull sont remontées, il dévoile les bras tachés d’encre, mâtinés de goudron, en dessous, quelques zébrures, les plaies d’un passé révolu. Pacôme n’y fait plus attention, oublie que les autres fixent, eux les intrigués, eux les tout beaux dans leur costume d’empereur. Il se demande si il ne devrait pas acheter l’un d’eux, vêtements du mensonge. La tête se penche à droite, il ne voit plus le dénommé Nob’s, juste les figures, les silhouettes du brouhaha. Des visages qu’il imprime à sa mémoire, des vies qu’il arrange, devine, c’est intéressant pour ses futurs romans, des figures qu’il va voler. S’il avait un talent pour le dessin, il tracerait les silhouettes, le kaléidoscope des vies, mais le crayon est absent.

Le verre et l’alcool, le liquide ambré, la peur surtout. « Tu aimes ça ? Ou c’est juste pour faire comme eux, pour oublier aussi… la dernière fois que j’ai bu, ce… enfin, c’est pas un souvenir à raconter » Souvenir honteux, de quelques images qui reviennent en mémoire, galop infernal qu’il ne sait pas taire. Il refuse les dérives, l’absence de contrôle, c’est déjà compliqué d’appréhender l’extérieur alors ça, non, pas pour lui. Il voit le verre disparaître. « Tu ne pourras pas rentrer chez toi si tu continues. Possible que tu crèves d’un coma éthylique » Neutralité de l’intonation, toujours cette absence de ressenti, juste des constats froids, mordants. « Tu t’es perdu ? Ou c’est juste pour passer le temps ? Peut-être que c’est parce que personne ne t’attends, alors tu abordes, tu passes les minutes. Tu es seul » Qu’il assène, de déductions faites à voix haute.
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MessageSujet: Re: Mots. [Pacôme.]   Mots. [Pacôme.] EmptyMar 13 Jan - 18:53

J’attaque, cherche, questionne, blesse sans véritablement le souhaiter. J’ai besoin de remplir un vide, de m’accrocher aux aiguilles du temps, de modifier leur vitesse, déjouer leur course, créer mon propre temps. Il s’affaisse, entre force et fragilité, hésitant, je pique, brise son schéma, son tracé de vie, élément perturbant, je tremble légèrement mais continue de semer. Il répond, offre une justification bancale, me donne une raison ;peut-être; d’écourter la conversation, de partir, de quitter un début sans même pouvoir goûter à la saveur de la fin. Je fronce les sourcils, incline la tête, cherchant à comprendre les schémas de son esprit, de voir avec ses yeux sans parvenir à déceler autre chose que cette sensation latente m’incitant à écouter la méfiance.
« Céleste… Quel joli nom… Est-ce ta fille ? ou… Une compagne supposée ? Tu devrais lui laisser un double des clefs à Céleste. »
J’interroge sans véritablement le faire. Pense à voix haute, épie, cherche à provoquer une réaction pour mieux percer l’étrange personnage me faisant face. Je soupire sans que cela ne se remarque véritablement et porte le liquide ambré à la frontière de mes lèvres. Je ferme les yeux, hume le délicat parfum d’écorce s’échappant du liquide avant d’en goûter sa saveur délicate. Dosage parfait, intense à la première gorgée, d’une chaleur délicate à la seconde.
J’oublie un instant la présence de l’inconnu grisonnant dont la voix lointaine me ramène, une fois encore, à la réalité. Mes paupières s’ouvrent, mes sourcils s’haussent. Il m’explique, visiblement irrité par mes mots. J’hausse les épaules, affiche une moue déconcertée sans chercher à rentrer dans le débat. Un prénom est un prénom, porteur de souvenir, de sens, de visage, de caractère. Sans lui l’identité s’efface, remplacé le par un surnom, par une invention et ce que vous êtes perd en saveur, en existence. Ce que j’ai fait dans l’espoir de devenir un être au mille visage, sans identité propre, largué au hasard, changeant.

« Le diminutif de ce que tu imagineras. » Je réponds, voix sombre mais assuré, regard défiant le sien. Je me redresse légèrement, termine mon verre et demande un nouveau cognac au serveur. J’ai mon temps, tout mon temps et je compte bien me laisser emporté par les douceurs que ce cognac a, à me proposer. La note va s’allonger, je n’aurais pas les moyens de payer mais cela ne m’inquiète aucunement. Je suis passé maître dans l’art d’être ce que je ne suis pas, je sais disparaitre et l’idée même de ne pas m’acquitter d’une dette auprès de ces riches attire un sourire satisfait sur mes lèvres. Le serveur revient, rapide, je lui offre un sourire cordial, goutte à nouveau le liquide, savoure, laisser errer mon regard sur les avant-bras de l’écrivain. Solides, musclés, je devine une force sauvage, difficilement contenu peut-être. Des tranches de vie sillonnent sa peau blanche, je ne cherche pas à comprendre, préfère prendre un chemin de traverse, faire durer la rencontre.
« J’aime ça. L’odeur, le parfum, le goût profond aux notes diverses. J’aime la dérive aussi, le monde qui se transforme. »
Je réponds, éparse tout en fixant le verre entre mes mains, je l’agite légèrement, les glaçons tournoient, la couleur de la robe se modifie très légèrement au contact de la lumière artificielle.
« Je ne m’habille pas pour me fondre dans le paysage et j’aime les souvenirs des anciens buveurs. » Une lueur s’allume au fond des mes abimes glacées, j’ai envie de savoir, qu’il m’ouvre la porte mais j’agis avec précaution. Il semble à fleur de peau, désireux de révéler et de taire, il se perd dans ses propres révélations.
Mais les constantes changent, il me surprend, m’agresse de déduction qui laisse apparaître un nouveau sourire emplit d’un certain cynisme.
« Savoir que quelqu’un t’attends à la maison te rend-t-il moins seul Pacôme ? »

Interrogation direct, absente de violence néanmoins, il m’est impossible de contredire les vérités quand elles sont dites.
« Quand à mon coma éthylique. Ne crains rien, mourir n’est pas si simple. »




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MessageSujet: Re: Mots. [Pacôme.]   Mots. [Pacôme.] EmptyMer 14 Jan - 9:23

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Céleste. Il oublie que personne ne sait, qu’il est le gardien de ce secret. Une fille ? Un sourire fracturé se faufile, pas d’enfant, il n’est pas responsable, trop égoïste aussi. Pourquoi un enfant, pourquoi choisir de diviser l’amour ? Il ne pourrait pas, juste Céleste et personne d’autre. « Rien de tout ça. Je n’ai pas d’enfant. Enfin… Céleste n’est pas très grande alors je m’occupe d’elle. Une petite sœur » Céleste, c’est son plus beau mensonge, la croyance la plus improbable. Elle est morte l’enfant, à six ans, renversée par une voiture, éclatée la cervelle sur le sol, rognées les chairs entre les roues. Il n’était pas là Pacôme, juste des mots sur une carte : elle est morte. Après, c’est le refus, le déni, et les hurlements. Puis la petite fille, l’éclat et il capture une vie. Ailis. Ce n’est pas Céleste, juste un erzatz. Pas de petite sœur, pas la vérité, juste, une autre définition. Amour bancal. Ils ne comprennent pas les autres, l’affublent de noms insultants.

Les mots dérivent sur l’alcool. D’autres verres qui suivent. Ivresse qu’il ne veut plus connaître. L’odeur, c’est ce qui l’écoeure, ce souvenir certain ancré dans la mémoire, l’ivresse du père, le verre qui s’éclate au sol, des morceaux, d’une ribambelles d’armes qu’il s’emploie à utiliser contre le garçon. Les yeux clos. « Je préfère les aiguilles » Qu’il lance, sans conscience de la révélation. L’alcool, c’est l’absence de maitrise, c’est chuter, les piques aux veines, c’est maitrisé, un dosage qu’il n’a pas touché depuis des années – parfois la nuit, pour dormir, pour chasser quelques ombres.

La question étonne. La solitude l’effraie, il ne sait pas, n’accepte pas le silence, l’absence des émotions, d’une présence. Toujours ce besoin d’autrui, d’elle aussi. « Quelqu’un, ça n’a pas d’identité, pas d'importance » Quelqu’un, un mot neutre, vide de sens, il n’aime pas, ne comprend pas. Quelqu’un, c’est un passage, du tourisme dans la vie. Céleste n’est pas quelqu’un. « Elle a un prénom, elle est importante pour moi. Mais toi tu n’as personne, tu essayes de te faire une place dans la vie des gens, tu essayes de connaître la mienne, parce que tu ne parles pas de toi, peut-être que tu es jaloux, je ne sais pas… » Les doigts pianotent sur la table, toujours la même mélodie hasardeuse, du son qu’il perçoit, des conversations auxquelles il donne des notes. « C’est parce que tes tentatives étaient maladroites » La mort. C’est un mot connu mais ignoré. La peur. Le cadavre, la vie échappée. Pacôme détourne le regard, encore. Il refuse de le voir, lui et son prénom particulier, lui qui n’est pas comme les autres. La peur revient, cravache les membres et il tremble, remet le manteau, cache les mains dans les poches du tissu trop grand, échoué sur ses épaules. « Les gens ont peur, utilisent des médicaments, ou une corde, mais ça ne fonctionne pas, le desespoir c’est trop vague, je crois qu’il faut du courage, ce que tu ne possèdes pas » Les mots conservent leur froideur, l’absence d’empathie. Soudain il se souvient ! Repartir d’ici, reprendre la voiture, des clés qu’il pose sur la table. « Tu sais réparer une voiture ? Je ne peux pas rester ici, il faut que je rentre mais je crois qu’elle est trop vieille, une carcasse métallique » Mustang, c’était une folie de sa part, voiture achetée à cause de la rareté, valises d’argent jetées pour un caprice de petit garçon. Il déteste ces boites de métal mais celle-ci, il y tient. « Mais peut-être que je devrais trouver un hôtel, ça serait plus simple… tu vis ici ou tu te promènes ? »
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MessageSujet: Re: Mots. [Pacôme.]   Mots. [Pacôme.] EmptyMer 14 Jan - 19:10

L’ombre d’un sourire, un regard qui se voile. Je le scrute, observe le moindre de ses mouvements, les plissures de son visage jusqu’au tressautement de ses sourcils. Il fait barrière, m’offre un bouclier de glace, fragile mais dont l’épaisseur m’empêche de m’immiscer trop profondément. Je perce pourtant, cherche des solutions, des réponses avant même d’avoir trouvé la question. Je ne sais pourquoi j’agis ainsi. Cet homme n’est qu’un bouc émissaire, une raison de rester ici, une fuite du temps, un argument. Je termine mon verre, ose en demander un dernier. Le serveur me l’apporte, son regard glisse sur le visage de mon compagnon, hausse un sourcil. Je lui offre l’ombre d’un sourire suffisant, il me fixe une seconde puis, dans un soupire à peine perceptible tourne les talons. Je porte à nouveau le liquide à ma gorge, jette un regard à l’imposante horloge trônant, princière dans un recoin de la pièce. Onze heures. Onze petites heures et me voilà déjà flirtant avec l’ivresse. Je ferme les yeux, sourit légèrement en imaginant la scène que Dean m’aurait faite. Il détestait me voir boire, me voir fumer, me voir tout mettre en œuvre pour me détruire, me consumer à petit feu. J’aimais ça, mettre en scène chaque jour ma débauche, ne m’accrocher qu’aux aspects les plus sombres de ma personnalité, ne laissé s’exprimer que l’intolérable, que le risible, que le condamnable. Je ne prenais consistance que grâce à cela, ne parvenait à exister quand m’accrochant à l’identité d’autrui. Aujourd’hui c’était Pacôme et demain ça sera un autre. Il deviendra une ombre, un souvenir légèrement piquant, son nom trainerait sur ma langue, viendra enrober quelques histoires avant de disparaitre peu à peu remplacé par un autre ou par une autre. Voilà pourquoi je ne notais jamais rien, voilà pourquoi le Pacôme d’aujourd’hui deviendra l’ombre d’un de mes futurs écrits. Jaillissant des ténèbres il vivra à nouveau, sous un autre nom, sous un autre visage, il aura la vie que mon esprit aura bien voulu lui tisser et, quand je relirais mes mots, apparaîtra ce même sourire factice et ce même goût d’inachevé. Voilà ma damnation, mon enfer personnel, les flammes de mon être : ne jamais parvenir à terminer quoi que ce soit.

Je l’ai oublié, perdu dans mes pensées. Il me dit avoir une sœur, jeune. Je note l’information dans un coin dans mon esprit avant de l’entendre suggérer une autre facette de son existence. J’hausse un sourcil, me ranime à nouveau. Les aiguilles… Je n’avais jamais supporté ça. Voyage trop violent, addiction trop soudaine, absence de contrôle totale, la damnation. Ceci dit, je doutais que l’usage d’un tel poison ai pu arranger l’état psychique de Pacôme. Jamais je n’avais croisé d’homme aussi défait, aussi absent de toute empathie pour autrui, aussi perdu, aussi effrayant.
Il parle à nouveau et un sourire vient flotter à la surface de mes lèvres. Je termine mon verre, m’enfonce un peu plus dans mon matelas, pose ma jambe droite sur ma cuisse gauche, confronte son regard : « Je n’essaye rien. Je suis de passage tout comme toi. Quant à la jalousie et bien… » Je marque une pause, détaille sa tenue, les airs de son visage avant de reprendre :  « Non. Je n’ai rien à t’envier, pas même ton porte monnaie. » Je confirme, m’oppose à ce qu’il croit déceler de moi. Je n’ai jamais jalousé quiconque, la jalousie entraine une perte de contrôle hors, je ne perds jamais le contrôle.
Il continue, j’incline la tête, offre un regard marqué par la surprise.
« Est-ce un mal de ne pas souhaiter mourir ? » Je m’interroge véritablement mais n’ai guère le temps de songer plus à ces remarques. Il s’agite soudain, comme prenant conscience de son objectif premier qui n’inclus pas de rester sagement ici.
« Je ne suis pas mieux doué avec le moteur qu’avec les gens. Mais j’habite pas loin d’ici, tu peux venir chez moi en attendant qu’un mec souhaite bien se déplacer pour ta voiture. » Ce qui ne devrait pas prendre trop de temps. Quand tu as l’argent nécessaire tu obtiens tout ce que tu veux et mon petit doigt me disait que Pacôme était loin d’être miséreux.
Je remet ma veste, mes gants, recule mon fauteuil me préparant à me lever. Je me demande un instant si Eva est dans le coin, certainement pas, elle a du se trouver un bellâtre plein au as pour la nuit.
« C’est quoi ta voiture ? »




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