TC - METRO BLOQUE

reine de brooklyn

METRO BLOQUE

angoisse assurée !

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La tempête fait rage dehors, depuis ce matin la pluie ne cesse de s'abattre sur la ville. Mais cela ne vous a pas découragé, vous voilà donc dans le célèbre métro new-yorkais, bravant la tempête comme si ce n'était qu'une vulgaire broutille. Le travail n'attends pas et les visites non plus ! Oui mais voilà... C'était sans compter l'arrêt brutal du métro en plein milieu d'un tunnel. Situation pas très rassurante mais assez courante dans le coin. Une annonce est faite, priant chacun de garder son calme. Calme, vous l'êtes déjà, vous savez que dans quelques minutes tout rentrera dans l'ordre, comme d'habitude. Enfin, c'est ce que vous pensiez lorsqu'au bout de 20 minutes vous réalisez que rien n'a bougé. Coincé dans cette rame vous n'avez d'autres choix que d'attendre... Mais cette jeune femme en face de vous au bord de la crise d'angoisse risque de compliquer le tout. Courage ! Vous allez devoir vous entraider les uns les autres pour tenir jusqu'à ce que tout s'arrange.

Du vent, du vent et encore du vent. Tu n'en pouvais plus. En plus t'avais la crève. Et comme tout homme qui se doit, pour toi avoir un rhume cela revenait à avoir un cancer. Ouais t'étais presque à l'article de la mort. Mais voilà, tu affrontais le vent, le froid, la tempête, parce que tu le devais. En plus, tu avais espéré, comme un con. Après tout, qui viendrait boire un verre dans un bar alors que toutes les télés et radios conseillaient de rester cloitrer chez soi. Il n'y avait que les new-yorkais pour affronter une tempête pour aller travailler, que des new-yorkais pour remplir un métro en plein tempête... et tu étais parmi ceux-ci parce que ton patron refusait de fermer même pendant la tempête et que toi, tu ne pouvais pas te permettre de perdre un jour de salaire, ta famille comptait sur toi et puis de toute manière tu n'étais pas du tout du genre à ne rien faire de ta journée. Bref, tu te retrouvais dans ce métro avec à tes oreilles des écouteurs reliés à un mp3, le bon vieux qui a pris des coups et qui coute même plus un euro aujourd'hui sur le marché. Tu l'avais même pas payé, c'était un pote qui te l'avait offert pour ton annif, t'avais dix musiques dessus et tu les connaissais presque par coeur, mais tu préférais encore ça, à écouter les gens gémir dans le métro. Et puis bam, il s'arrête. Bon ok, ça arrivait, parfois, cela t'énervait parce que t'étais pas du genre à prendre de l'avance pour aller à ton boulot, du coup, t'allais être en retard. Mais bon là t'avais une bonne excuse après tout, sur la terre ferme c'était le déluge. Et puis t'attends, t'attends et puis tu entends le petit ding dong distinctif. On te demande de rester calme, ok. Tu le sens mal déjà, parce que voilà, pour qu'ils se donnent la peine de prendre la parole c'est que ça va mal. Tu regardes discrètement par la fenêtre et tu remarques que vous êtes en plein milieu d'un tunnel, pas moyen de nous faire sortir du coup. Cela promet. Et puis quelques minutes se transforment en une dizaine et en une vingtaine. Et tu sens les gens commençaient à s'agiter et tu sens une sale sensation. Tu es quelqu'un de calme, tu gères tout le temps des situations de crise dans ta vie alors toi, tu arrives à garder ton calme, mais bordel, t'aimerai ne pas être sorti de ton lit aujourd'hui...

Jusque là, Molly n'avait rien contre le métro. Elle le prenait même plutôt régulièrement, quand elle était encore à Londres. C'était, après tout, le moyen de transport qui avait le meilleur rapport rapidité/impact écologique, et puis c'était bien pratique. Ça lui permettait, en allant au travail, de continuer ses projets tranquillement sur son ordinateur portable, ce qui était impossible en voiture ou à vélo ; et cela lui permettait aussi d'être entourée de gens sans avoir à leur parler, ce qui était plutôt agréable concernant sa timidité maladive. Cependant, il n'y avait pas que sa timidité, qui la rendait malade. Il y avait quelque chose de plus gros, de plus grave, et c'était à cause de ça qu'aujourd'hui elle redoutait légèrement de prendre le métro. C'était arrivé la semaine passée, alors qu'Andrew lui avait préparé une surprise ; une surprise qu'elle n'avait pas pu découvrir, au final. Tombée dans les pommes. Dans le métro. À cause de ce foutu cancer. Molly n'avait eu jusque là aucun effet secondaire conséquent, mais c'était comme si tous les symptômes s'étaient concentrés en une seule fois, pour lui faire perdre connaissance. À côté de son petit ami, qu'elle n'avait pas encore averti de sa maladie. Elle n'avait pas eu d'autre choix que de le faire, finalement. Et voilà qu'aujourd'hui, elle ne pouvait pas faire autrement que de le prendre, parce qu'elle n'avait pas de voiture à sa disposition et qu'elle risquait de se faire emporter par le vent si elle s'y rendait à vélo. Si elle se rendait chez le médecin à vélo. Il lui avait prescrit des rendez-vous hebdomadaires, dorénavant. Vu le temps, vu les consignes données à la télévision, Molly aurait pu annuler, elle aurait pu reporter. Mais elle avait trop peur pour ça. Trop peur que ça s'empire, trop peur de mourir. Elle préférait encore reprendre le métro... et pourtant, dieu sait qu'elle n'aurait pas dû. Cela faisait à présent vingt bonnes minutes qu'il était bloqué au plein milieu d'un tunnel, et elle était loin d'être rassurée. Les premières minutes, Molly avait patienté en tapotant du pied et en serrant les dents, déjà inquiète. Mais sans nouvelle de plus, voyant qu'ils étaient toujours bloqués là au plein milieu de nulle part sans perspective de sortir, elle avait commencé à paniquer réellement. Sa respiration s'était accélérée et il y avait tout pour croire qu'elle faisait une crise d'angoisse. C'était la cinquante-troisième fois qu'elle allumait l'écran de son iPhone, la cinquante-troisième fois que la barre de réseau était inexistante. Elle n'avait qu'une envie, appeler Andrew, mais elle était dans l'incapacité technique de le faire. Elle avait essayé de contacter les secours, aussi, mais il n'y avait même pas assez de réseau pour ça. Molly ne savait plus quoi faire. Elle fixait la vitre, les yeux écarquillés par la peur, serrant son téléphone de toutes ses forces. Faîtes que cela finisse, faîtes que cela finisse, faîtes que cela finisse. Elle n'avait pas encore compris que cela ne se finirait pas de sitôt.

Le temps faisait rage dehors. C'était dingue ! Jamais de sa vie elle n'avait vu cela. Le vent ne cessait de souffler, toujours plus fort, toujours plus vite, si bien qu'elle se demandait comment certaines choses faisaient pour tenir encore debout. La chaleur de Los Angeles lui manquait déjà... Elle se demandait parfois s'ils n'avaient pas fait une erreur en venant vivre ici. Après tout, tous leurs proches étaient dans la ville des anges et non ici, dans la grosse pomme. Elle avait beau adorer New York, ce n'était pas vraiment chez elle, qu'elle le veuille ou non. C'était assez ironique d'ailleurs, puisque la jeune femme était originaire d'ici. C'était à New York qu'elle avait vu le jour et qu'elle avait grandi jusqu'à que ses parents perdent la vie dans un accident de voiture tragique. Ses frères et elle avaient alors emménagé chez leur tante, sur la côte ouest. Le changement fut rude mais quand elle y repensait elle s'était plutôt bien habituée à la vie californienne. C'était là-bas qu'elle avait fait ses plus belles rencontres... Jayden déjà, l'homme de sa vie. Puis il y avait eu Aaron, Angelica et tant d'autres... Ils lui manquaient, c'était indéniable. Mais sa vie était devenue si compliquée qu'ils avaient décidé avec le jeune Lewis de prendre un nouveau départ. Et quoi de mieux pour cela que de déménager et commencer une nouvelle vie ailleurs ? Elle avait eu besoin de s'éloigner de son passé et de ses proches. Mais quand elle voyait ce qu'il se passait ici, elle se demandait s'ils avaient fait le bon choix. Ils étaient là depuis quelques semaines à peine et déjà une tempête s'abattait sur la ville ! À croire que New York leur transmettait un message. Et les choses ne risquaient pas de s'arranger de sitôt. October devait rencontrer les dirigeants d'un hôpital pour essayer d'avoir un poste en tant que psychologue. Impossible alors pour elle de rater ce rendez-vous et ce malgré le mauvais temps. Voilà comment elle s'était retrouvée coincée dans le métro. Métro qui ne semblait plus vouloir bouger depuis quelques minutes. Cela n'annonçait rien de bon, elle en était certaine... Mais elle espérait malgré tout que le problème serait réglé rapidement afin qu'elle puisse arriver à l'heure à l'hôpital. Seulement, plus les minutes passaient plus son espoir de sortir d'ici vite s'évanouissait. C'était à prévoir vu le temps qu'il faisait mais tout le monde n'en avait fait qu'à sa tête, elle y compris. Et ils étaient désormais tous coincés ici, comme pris au piège. Elle n'était pas particulièrement à l'aise mais parvenait malgré tout à gérer le stress. Néanmoins, elle vit que la jeune fille à ses côtés (Molly) ne semblait pas en grande forme. Son regard apeuré ne présageait rien de bon. « Vous allez bien mademoiselle ? » demanda-t-elle légèrement inquiète. Il fallait faire attention à ce que personne ne fasse de crises d'angoisse, mais vu le contexte cela s'annonçait compliqué.