don't lie to me ✩ Carmilla n'avait pas dormi de la nuit. Bon, c'est vrai que cela lui arrivait très fréquemment, elle ne trouvait tout simplement pas le sommeil. Mais cette nuit là, quelque chose la turlupinait et commençait à la rendre folle. Elle attendait donc Atom, dans l'espoir qu'il puisse enfin lui dire ce qu'il fait de ses nuits, ces nuits où il rentre de plus en plus tard et ramène de l'argent. Cela fait maintenant beaucoup trop longtemps qu'il fait ces "petites magouilles". Parce que oui, c'est comme ça que Carmilla les qualifient. Elle n'a jamais su comment il pouvait avoir autant d'argent en si peu de temps, et même après lui avoir demandé plusieurs fois, il a préféré ne rien lui dire, et répéter à la brunette de ne pas s'inquiéter.

Jusqu'ici, Carmilla essayait de ne pas insister pour ne pas le contrarier, mais aujourd'hui, elle en avait assez. Que pouvait-il bien faire à Brooklyn la nuit ? Elle en arrivait à s'imaginer les pires scénarios, et trépignait d'impatience qu'il revienne. Comme d'habitude. Comme tous les soirs. Après s'être retourné une, deux, trois puis au moins une centaine de fois dans son lit qu'elle décida enfin de se lever et d'attendre Atom dans le salon. Elle ne fit pas de bruit, histoire de ne pas réveiller tout le monde. Il était quand même assez tard. Ryder ne devait pas dormir, mais sait-on jamais. Puis de toute façon, Carmilla était de nature très discrète, donc elle ne fit aucun bruit. Elle regarda l'horloge. Tic tac. Le temps lui semblait interminable. Cette horloge la rendait folle. Elle jeta son regard ailleurs dans la pièce. Elle fixa donc la porte. Et attendit, dans le noir complet qu'Atom rentre enfin de son excursion nocturne.

Elle savait ce qu'il allait lui répondre. "Ne t'inquiète pas, tout va bien." Mais elle en avait vraiment marre d'entendre ça. Non, tout n'allait pas bien. Si tout allait bien, elle ne serait pas malade. Et Atom n'aurait pas à faire tant de cachoteries pour ramener du fric. Perdu dans ses pensées, elle entendit enfin le bruit de clé s'insérer dans la serrure. Puis elle vit la porte s'ouvrir. Elle s'approcha doucement du brun qui referma la porte derrière lui. Elle avait l'air un peu gêné, ne savant quoi dire. "Où est-ce que tu étais ?" lui demanda-t-elle pendant qu'il retirait sa veste. Elle le regarda droit dans les yeux, elle voulait qu'il lui raconte enfin, et qu'il ne lui mente surtout pas. Elle le connaissait par cœur, et quand il lui mentait, elle le savait. Il était donc temps de passer aux confrontations, même si cela n'allait pas plaire à Atom. Elle resta donc plantée là, avec un air sérieux, en attente d'une réponse.

la soirée avait été longue. tu avais peiné pour trouver la demoiselle qui sciait à tes exigences. elle avait tardé à accepter, tardé à commencer, tardé à se coucher et s'endormir comme un bébé. cela t'avait laissé peu de temps pour prendre ce qu'il y avait - ce qui se résumait à peu de choses. choux blanc, comme on dit. tu étais énervé de ta soirée. en plus de ne pas avoir pris ton pied, cela ne t'avait pas beaucoup rapporté. une soirée à vide, une soirée insipide. tu rentrais en traînant des pieds, exaspéré de toi-même. t'arrivais devant la porte de votre appartement sans vraiment savoir comment. trop perdu dans tes pensées, tu avais machinalement fait le chemin pour rentrer. brooklyn heights bushwick n'étaient pas à coté, mais tu étais habitué. les taxis étaient hors de prix, le métro aussi, donc tu ne pouvais compter que sur tes pieds et sur ta dextérité à ne pas te louper, malgré le manque de sommeil qui te prenait. tu n'avais pas un rythme de vie normal: tu vivais la nuit et dormais le jour. la seule chose à laquelle tu pensais, c'était déposé l'argent et autres bijoux récupérés dans le pot familial, enlever ton fut et tes godasses, regardait si carmilla allait bien, et te coucher à coté d'elle, pour t'endormir en un rien de temps. tu en rêvais, tu savais que cela allait bientôt arriver. tu soupirais d'aisance en rentrant la clef dans la serrure. mais, c'était sans compter sur ce qui t'attendait dedans.
elle était là, installée dans le canapé, à te regarder. tu soupirais, mais cette fois-ci, pas de cette jouissance que t'avais procuré tes espérances prochaines. de ce soupir qui transcende l'âme, comprenant les présages d'une conversation animée, mouvementée, désagréable. tu te retournais, pour fermer la porte à clef, et tu l'entendais s'approcher, de son pas fluide et perturbée. elle avait déjà du mal à cadencer ses pas. la maladie en était déjà là. tu serrais la mâchoire, sachant que tu ne pouvais pas montrer ta faiblesse face à son état. elle était proche de toi, un peu trop peut être, avant de t’asséner le coup de grâce que tu attendais. où est-ce que tu étais? la question fatidique. tu retirais ta veste tout en te retournant vers elle. tu déposerais la montre cartier et les quelques dollars que t'avais tiré de cette soirée un peu plus tard. là, elle voulait parler, et tu devais trouver une façon délicate d'éviter le sujet. tu osais lever les yeux sur elle. sur ce visage divin qui t'observait. tu soupirais, faible face à ces billes noires t'envoyant moultes éclairs. tu le regardais, sentant tes jambes trahir ton stress. elle avait un certain pouvoir sur ton être, pouvoir que tu lui détestais. tu n'aimais pas que les gens puissent avoir un quelconque ascendant sur toi. personne n'en avait le droit. sauf elle. te resaisissant, tu déposais ta main sur sa joue, glissant jusqu'à sa nuque pour l'approche de toi et lui déposer un baiser sur le front. ne t'inquiètes pas carmi, tout va bien. et d'un simple baiser, tu t'en échappais, partant vers le canapé pour t'asseoir et défaire tes lacets mal-refaits. elle te regardait encore, tu le savais. tu n'osais relever les yeux vers elle. tu devrais aller te coucher, le doc a dit que tu avais besoin de sommeil. va te mettre au lit, j'prends une douche et j'arrive. car oui, tu avais sérieusement besoin de te laver. le parfum de la minette que tu avais malmené te remontait dans le nez, t’écœurant à moitié. et il n'était pas question que carmilla puisse le sentir. pour ton image autant que pour votre relation, qui n'était encore qu'à l'état d'embryon.  

don't lie to me ✩ Évidemment, il lui procura la même réponse que d'habitude. Encore et toujours le même refrain. "Ne t'inquiètes pas carmi, tout va bien." Déclara-t-il tout en lui déposant un baiser sur le front. Carmilla se crispa tout de même un peu à l'entente de cette réponse. Elle baissa la tête puis la releva en direction d'Atom. "Tu devrais aller te coucher, le doc a dit que tu avais besoin de sommeil. Va te mettre au lit, j'prends une douche et j'arrive." Elle tenta de rester calme, cela était en général facile, car c'était une personne très douce qui ne s'énervait jamais. Mais ce soir, elle était très fatiguée et sentait ses nerfs lâcher un à un. Elle n'avait pas envie de dormir. Non, elle voulait des réponses. Des vraies réponses. Qu'il cesse de lui mentir de cette manière.

Elle ne bougea donc pas d'un cran, tentant de rester debout malgré sa faiblesse. "Je n'ai pas sommeil." Répliqua-t-elle simplement. Après une brève pause, elle répliqua "Pourquoi tu continues de me mentir ?" Son visage resta de marbre. Elle savait très bien que cette conversation l'ennuyait au plus haut point, et qu'il allait tenter de s'en sortir malgré tout. Elle savait également qu'il voulait prendre une douche parce qu'il sentait le parfum à dix kilomètres à la ronde. Mais elle ignorait encore pourquoi. Ce n'était pas la première fois non plus que ça lui arrive. C'était d'ailleurs toujours un parfum de femme. Carmilla s'était souvent demandé pourquoi il cocotait autant. Elle s'était déjà imaginé tous les détails les plus sordides. Après tout, s'il avait une copine, il aurait pu lui dire. Carmilla aurait compris, c'était sa vie après tout et ça ne lui regardait pas. Même si au fond, l'imaginer dans les bras d'une femme la dérangeait, allez savoir pourquoi.

Quoi qu'il en soit, il pouvait tout lui dire, se confier à elle. Mais non, il préférait lui faire croire à ses mensonges, encore et encore. Et Carmilla ne supportait plus cette situation. Après quelques minutes, elle finit tout de même par s'asseoir, sentant sa tête tourner de plus en plus. Cela l'énerva un peu plus, car elle savait qu'il avait raison, et qu'elle avait besoin de repos. Mais elle ne laissa rien paraitre. Elle soupira puis reprit un air sérieux. Elle ne comptait pas bouger d'ici. C'était hors de question. Elle n'ira pas dormir tant qu'elle n'aura pas une réponse qui lui convient, c'est-à-dire la vérité. Qu'importe si elle allait devoir rester debout pour le reste de la nuit. Quand elle avait quelque chose en tête, on ne lui fera pas changer d'avis, et ça Atom le savait très bien. Elle se dit que, il y aura bien un moment donné où il craquera et lui déballera tout. Du moins, elle espérait.